Les Buttes-Chaumont.
Lui sans toit
moi sans loi
les canons de sa démence
les canyons de nos errances
m’envoûtent.
Ses mots sont des pinceaux
y en des beaux
y en a des gros
et puis des lourds
qui tuent
Son monde c’est l’espoir
ma chance c’est son regard
sans ses yeux sur mes bleus
ses colères sur mes doutes
j’étouffe.
la couleur de nos douleurs
arc-en ciel sans cieux
palette infinie,
beau décors tourmenté
dont Van Gogh rêvait
Du pont des Suicidés
un saut sans élastique
tu voles
mais tu me laisses
seule !
Silence on tue.
Sans rime ni raison
Mon rêve s’est brisé
sur un mur de béton
ou ils t’ont fusillé
tu n’avais pour tout crime
que défendu la vie
pourquoi ai-je attendu
une carte du tendre
pour t’aimer à loisir.
Pourquoi cette patience
quand ton cœur
quand ton corps
m’attendais.
L’affiche rouge dans ta chambre
est un linceul immonde
jamais je ne pourrai
pardonner aux barbares,
la mort de trop de fleurs
les rivières de pleurs.
Un petit gars me hante,
regard en noir et blanc,
mains levées un béret
sur sa tête penchée.
Sosie perdu du Kid de Charlot,
c’est beau comme un Doisneau
mais cet enfant, mais ce regard !
Plus jamais ça ! Quelle rigolade immonde,
Algériens dans la Seine,
Civils de Sinchon, et Tibétains
les Peuples affamés part Mao et Staline,
massacres au Congo
et les Tutsis et les Ouïghours,
Palestiniens, Srebrenica, et Rohingyas
mais pourquoi continuer cette liste funeste.
On fait des monuments
on a des souvenirs
on reconnaît
mais sans relâche on tue.