De notre allumé spécial, Abramam Licol,
Mes chers compatriotes,
Avant de m’énerver sur Borne, je dois vous faire un aveu. C’est dur.
Il y a tout un tas de monuments que je hais :
• Le Panthéon : les hommes ont supplanté les dieux. Vous me direz, ça va plutôt dans le bon sens. Mais qui décide de qui est illustre ? Le temps passant, un homme est-il toujours illustre ? Imaginez comme on a eu chaud de ne pas avoir installé l’illustre Abbé Pierre au Panthéon. Vous me direz, ce n’est pas grave : on fait une grosse fête pour les faire entrer, mais c’est par la petite porte qu’on les fait sortir (Mirabeau, Marat, de Saint-Fargeau, Picot de Dampierre). C’est comme la Légion d’honneur : grand tralala, mais discrétion quand on la retire.
Quelle est l’utilité de ces monuments qui, si j’abonde un peu dans le populisme, pourrait loger des centaines de sans-abris ?
• Je hais l’Arc de Triomphe et les monuments aux morts (sauf celui de Joyeuse) : hymne à la connerie. « Morts pour la finance », devrait-on lire.
• J’abhorre les Invalides, un régime spécial pour les militaires et un mausolée pour un mec pas fréquentable à mon goût : le petit Napo.
• J’aime le Louvre, les musées. J’aime regarder sous les jupes de la Tour Eiffel, j’aime la Seine et les Tuileries, pas la fête foraine vulgaire qui s’y est installée. J’aime les grandes gares de Paris, j’aime Paris au mois de mai (Aznavour, plus visionnaire que Nostradamus : « Qu’une nouvelle jeunesse s’empare de la cité »). J’aime lire sous la frondaison des Tuileries pendant que des pigeons s’aiment sur l’épaule de Cassandre, pendant que d’autres chient sur Jules Ferry. J’aime le métro, j’aime la vie.
Bon, ça va mieux. Venons-en au DH de la semaine : il revient à Élisabeth Borne.
Cette femme m’inquiète. Elle est toujours appelée pour les coups durs et pour faire passer la pilule : RATP, SNCF, RETRAITES… Que lui a demandé Macron ? Quelle est sa mission : tuer l’éducation nationale ? Oui, je dis Macron. Je ne pense pas que l’Iguane donne quelques ordres que ce soit.
Nous traversons une époque où Gaza, l’Ukraine, le Soudan, la mer de Chine et bientôt Taïwan… Rien ne prête à sourire. Notre ministre de l’Éducation nationale ajoute à la honte la bêtise. À un moment où elle devrait s’occuper des méthodes désuètes de l’enseignement, qui, au lieu de former des têtes bien faites, produit des têtes bien moulées, aux ordres ; où elle devrait s’occuper des programmes scolaires incomplets ou obsolètes ; où elle devrait réfléchir à ce tueur de passions et d’orientation vers le privé qu’est Parcoursup ; à l’heure où elle devrait bosser sur la rentrée des classes, des profs, des salles… eh bien rien de tout ça. Madame fait grand bruit en proposant une réforme qui va tout remettre sur les rails, revoir le slogan du frontispice du Panthéon : « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante ».
Et les femmes ? Le débat est important, mais est-ce là le travail d’une ministre de l’Éducation nationale ?
Je propose que l’on invente un mot. La langue française est en pleine évolution, et il nous faut un terme autre que « humain » pour désigner les humains, sans genre. Je propose HOBBE.
HOBBE – nom neutre, être humain non genré.
Pour « citoyens », il faut encore un autre mot : terrien, habitant de la Terre.
Exemple : « Les droits de l’HOBBE et des Terriens »
Pourquoi ? Parce que cela fait moins de boulot : il faut juste changer deux lettres, MM en BB.
Le résultat est clair :
« Aux grands HOBBES, la patrie reconnaissante » T’as compris ?
Il y a des gens que vous ne verrez jamais gagner le DH, ils sont hors concours. Je pourrais citer, par exemple : Valls, Val, Bayrou, Hanouna, Prot…
Au sujet de l’égalité hommes-femmes, j’ai une petite réflexion.
À l’origine, au-delà du mépris pour les femmes, cette réflexion a néanmoins ouvert un certain nombre de portes. Le débat est absurde dans les entreprises : on doit pouvoir dire simplement « travail égal, compétence égale, responsabilité égale, salaire égal ». Il y a encore du boulot.
Ma réflexion porte plus sur la politique, et entre autres sur le code électoral des élections municipales : la parité des candidatures. Aujourd’hui acclamée par ses plus farouches opposants – par tous les mecs qui ont peur d’être noyés par les femmes. Dans ma municipalité, demain, nous pourrions sans problème avoir une liste composée uniquement de femmes : disponibles, compétentes, motivées. Bref, c’est un frein réel à la candidature féminine dans ces élections.
Une dernière remarque : il ne serait pas très difficile de changer sur beaucoup de monuments « Morts pour la France » en « Morts pour la finance ». Pour un bon sculpteur, changer un r en in n’est pas compliqué.
Abraham D’ginto