« La police tue et blesse »
Cette phrase est restrictive : il n’y a pas que la police qui tue, il y a aussi la gendarmerie. Juridiquement et grammaticalement, elle n’implique pas que l’action soit volontaire, préméditée ou accidentelle : c’est simplement un fait, comme on peut dire que « la voiture tue », « l’avion tue » ou « la guerre tue ».
Alors, pourquoi les médias de masse et certains syndicats de police montent-ils au créneau au nom de l’honneur de la police ? L’Alliance Police Nationale, en particulier, est depuis 2020 réputée proche de l’extrême droite.
Il est clair que, quand Mélenchon prononce cette phrase, de nombreux citoyens, ainsi que les instigateurs de la projection à la Fête des Lumières à Lyon, s’interrogent sur les décès liés aux interventions policières.
Disons-le d’emblée : même si la peine de mort est interdite en France, les policiers ne sont pas armés de pistolets à eau. S’ils font usage de leurs armes, ils peuvent tuer.
Les statistiques à ce sujet sont curieusement difficiles à obtenir, ce qui est absurde et incompréhensible. Il existe pourtant des certificats de décès, des permis d’inhumer et d’autres documents administratifs qui permettent de comptabiliser ces événements avec précision.
Quand une voiture tue, il y a un procès verbal de gendarmerie, tout est fait dans les règles et comptabilisé, on nous annonce regulièrement le nombre de morts sur la route, pourquoi est-ce impossible en matière de police ou de gendarmerie.
En examinant des documents de l’IGPN et de l’IGGN, j’ai pu consolider quelques chiffres :
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IGPN, dans la population, décès en 2024 : 52 ; blessés graves : 68.
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IGGN : dans la population, 22 morts. ombre de blessés: inconnu.
Certaines actions de la police, et surtout de la hiérarchie, devraient être critiquées, remisent en cause.. Parmi les nombreux exemples, celui de Saint-Soline est particulièrement révélateur :
Le 25 mars 2023, Mediapart et Libération ont eu accès à plus de quatre-vingt-quatre heures d’images tournées par les gendarmes ce jour-là, principalement via leurs caméras-piétons.
Ces images ont été saisies par l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) dans le cadre d’une enquête préliminaire pour violence par personne dépositaire de l’autorité publique et non-assistance à personne en danger, ouverte par le parquet de Rennes, compétent en matière militaire, et désormais en voie d’achèvement.
Ces vidéos montrent des dizaines de commentaires déplacés et d’insultes visant les manifestants, traités de « fils de pute », d’« enculés », ou de « pue-la-pisse ». Des gendarmes se vantent d’avoir touché des manifestants « en pleine tête » ou « dans les parties génitales », se réjouissent de « leur faire mal » et vont jusqu’à dire qu’il faudrait « les tuer ».
« Tendu, tendu, tendu ! » hurle un gradé.
« T’en tue deux ou trois, ça calme… »
Les vidéos sont accablantes pour la police. Pourtant, le parquet a annoncé un classement sans suite. Cela suffit à installer le doute et la colère. Qui a alimenté le parquet en éléments?
Cliquez ici pour voir les videos prisent par les gendarmes.
Autre exemple : en décembre 2018, une jeune femme de 19 ans, Angelina, a été frappée mortellement par des policiers alors qu’elle rentrait chez elle. Elle a eu le crâne fracassé. Il a fallu sept ans, après l’aveu de plusieurs agents, pour qu’un des auteurs présumés soit mis en examen avec interdiction d’exercer.
Nous doutons parfois des méthodes de la police, de la formation des policiers, et même de la hiérarchie, comme en témoignent les hurlements des gradés à Saint-Soline. Nous doutons également de l’indépendance de l’IGPN et de l’IGGN.
Tant que cette situation perdurera, nous continuerons d’entendre des phrases telles que :
« La police tue »
« La police tue et blesse »
D’Ginto