Capitalocène ou Anthropocène ?
Anthropocène
Concept proposé par Paul Crutzen dans les années 2000.
Il désigne une nouvelle ère géologique où l’activité humaine — dans son ensemble — est devenue la principale force de transformation de la Terre : changement climatique, disparition d’espèces, pollution, etc. Tous les humains y sont vus comme collectivement responsables, depuis la révolution industrielle.
Capitalocène
Andreas Malm, Jason W. Moore ou Donna Haraway proposent quant à eux une autre lecture : ce n’est pas l’humanité en général, mais le capitalisme — système économique extractif, colonial et productiviste — qui est la cause réelle des déséquilibres écologiques actuels.
Pour ma part, nous sommes au croisement des deux.
Le capitalocène, ennemi du bonheur, monothéiste, s’impose.
L’anthropocène, lui, est marqué par la passivité consumériste du bon peuple, qui encourage le capitalisme à nous envoyer dans le mur.
Nous ne pourrons nous en sortir, comme le suggère Mordillat dans Là-bas si j’y suis, que par la remise au goût du jour des mots « lutte des classes » — et des actions qui en découlent, prérévolutionnaires si nécessaire.
Car enfin, il ne faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages :
on peut résumer l’anthropocène et le capitalocène comme un combat entre les nantis et les autres.
Les nantis mènent une guerre, par tous les moyens, contre le peuple, qui, résigné, n’arrive même plus à refaire surface. Il se contente d’un bol d’air frais dans les grandes surfaces, ces temples modernes érigés à la gloire de la Rentabilité.
Il est temps de sonner la retraite —
pas celle à 92 ans, mais celle du capitalisme et du monde exécrable de la finance.
Il est temps de remettre Ubu roi au cœur de l’enseignement, dès les petites classes.
Ubu, digne représentant d’un monde littéralement dans la « merdre », règne sur une société en pleine indigestion.
Le couple Ubu n’est pas tant attiré par le pouvoir qu’obsédé par la « phynance »,
cet argent qu’il accumule frénétiquement jusqu’à… tuer la poule aux œufs d’or.