deux poids deux mesures

Deux poids, deux mesures

Le 8 juin 2022, ou à peu près, Mélenchon déclarait, après quatre morts dues à la police : « La police tue », et dans le même message, il proposait, s’il était élu à la Présidence, de revoir la doctrine imposée aux forces de police par l’État. Il dénonçait également le syndicat « Alliance » de la police, qui trouve normal de tuer quelqu’un qui a refusé d’obtempérer. Il y a la loi, les amendes, mais pas la peine de mort. Il a admis plus tard s’être emporté. Il aurait pu dire, certains policiers tuent ou trop souvent la police tue.

Le dénigrement de Mélenchon à la hausse: Renaissance, la droite, l’extrême droite se déchaînent. Les chaînes d’info s’enflamment, l’occasion est trop belle.

Aujourd’hui, dans la bouche de Madame Comyn, la veuve du gendarme tué suite à un refus d’obtempérer, on entend : « La France a tué mon mari, la France a tué mon mari. » Plus loin, elle dira : « 1981 n’aurait jamais dû exister. » Nous supposons qu’elle parle de l’abolition de la peine de mort arrachée par Badinter et votée .

Et là, miracle, tout le monde trouve des justifications à ce discours : la droite et l’extrême droite se lâchent à nouveau, récupérant un drame pour en faire un sujet politique. On compatit, à juste titre, avec la veuve. Il est clair que je comprends sa douleur, sa tristesse, son sentiment d’injustice, son effondrement. Pour la première fois, une femme effondrée, lors d’une commémoration, ne se contente pas de banalités, mais prononce un discours construit, très fort. Par contre, je n’adhère pas à ses propos.

Premièrement, parce que je suis français et que je n’ai pas tué son mari.
Deuxièmement, parce que cette déclaration n’est pas spontanée ; tout est lu, tout est écrit, donc réfléchi.
Troisièmement, l’abolition de la peine de mort est une conquête magistrale et nous devrions tous en être fiers. L’abolition de la peine de mort était une proposition de Mitterrand dans sa campagne, il a été élu. Le texte abolissant la peine de mort a été voté par les deux chambres avec une écrasante majorité, sans seconde lecture.  Sous Chirac, la loi constitutionnelle n° 2007-239 du 23 février 2007 relative à l’interdiction de la peine de mort insère un nouvel article 66-1 dans la Constitution de 58 aux termes duquel : « nul ne peut être condamné à la peine de mort ».

Les refus d’obtemperer sont divers, il n’y a pas que des petits délinquants, il ne faut pas oublier les voyous. et cela me remet en mémoire le dialogue dans les tontons flingueurs entre Théo  le bandit et Fernand Naudin le repenti.

Théo la nuit en plein milieu de la route un homme armé en uniforme qui agite une lanterne, et qui crie « halte », qu’est ce que vous faites?
Fernand je m’arrête bien sur, je passe pas dessus.!
Théo Eh bien c’est pour ça que vous avez encore votre permis, moi pas !

J’imagine la teneur des propos des médias inféodés si une élue de LFI avait tenu les mêmes propos que Madame Comyn.

Madame, je vous soutiens si c’est pour dire qu’il faut une réforme des forces de l’ordre, de la formation, du contrôle des propos et des méthodes de certains policiers. Oui, il faut que l’IGPN soit transformée, rapide et indépendante. Oui, il faut trouver la voie pour que la police soit au service du peuple. Oui, il faut une justice capable d’appliquer les peines que les législateurs ont approuvées. Oui, il faut s’interroger sur le rôle de la prison aujourd’hui, des usines à futurs voyous. Oui, il faut revoir, par exemple, le permis à points, créateur de refus d’obtempérer par des citoyens sans permis ni assurance, qui paniquent au volant en voyant un képi au loin. Oui, il faut peut-être, comme pour les radars, avertir d’un point de contrôle policier tout proche et ne pas laisser les policiers au milieu de la route. Dans tous les films policiers, on voit toujours les barrages, parfois forcés, mais avec seulement quelques dommages matériels si cela se produit. Oui il faut tout mettre en oeuvre pour que la police et la population cohabitent sereinement.

Il faut également arrêter de profiter de ces faits divers dramatiques pour faire de l’audience et, pour des raisons politiques, engranger des voix.

Je termine bien sûr par l’expression de mes plus sincères condoléances à madame Comyn, ses enfants et à ses proches..

D’ginto