Bonjour,
après nous avoir affublé de surnoms divers, babas youpies hippies….,ils se sont trouvés cons, devant l’ampleur du mouvement et nous sommes devenus des néoruraux, il fallait que nous rentrions dans une case digne de leur connerie.
Combien d’entre nous ont été influencés par Prévert, Voltaire, Bourdieu, Miller, Bukowski, Cleaver, Dylan, Cohen, B.O.F, Shepp, combien d’entre nous ont été déçus par les suites de mai 1968.
Combien d’entre nous ont été déçus par des accords de Grenelle qui sonnent le glas, par un patronat débile, un syndicalisme introverti et des politiques sourds et aveugles, mais hélas pas muets.
Et nous, poètes, naïfs, farceurs, amoureux, utopistes et optimistes on se dit, coincé dans un embouteillage sur le Pont de Neuilly,, » et si on essayait d’être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple. » (Prévert)
Comme dit Chantal Ruffinoni, « on pensait que tout allait changer que par exemplarité, par notre manière de vivre, nous allions entraîner tous les autres ». (Dans le film de Lisa Diaz, « ce qu’il reste à finir ».)
Le constat est là, notre bonheur ne peut être dans ce monde citadin; absurde, insalubre, chronophage, inhumain, fliqué. « Sous les pavés la plage ». Pour nous, sous les pavés l’Ardèche.
Nous étions gonflés au point de penser qu’en nous installant dans un pays qui qui se désertifiait nous allions recréer du lien, de la convivialité.
Que dalle, ça n’a pas fonctionné, avec les indigènes.
Une des choses étonnante qui a contribué à une certaine rupture des relations sociales, comme aujourd’hui avec Face de bouc et autres réseaux dits sociaux, c’est l’installation massive du téléphone en Ardèche, merci Mexandeau.
Avant d’avoir le téléphone, nous montions dans nos improbables véhicules pour aller chez machin ou machine, ils n’étaient pas là et on s’installait chez eux, à les attendre. Après, avec le téléphone, dring dring dring …merde, ils sont pas là ! Et on bougeait pas notre cul, alors que le mec il arrivait essoufflé mais trop tard pour répondre au téléphone, sa grelinette à la main.
L’un dans l’autre , dans notre tribu nus assumons notre mode de vie, mais la fusion avec les ardéchois fût et est rare (Sauf avec des anciens qui hélas disparaissent les uns après les autres).
Certains d’entre nous, et j’en suis, ont tenté d’intégrer les institutions locales afin de promouvoir nos idées de partage, de fraternité, de culture, de joie, de loisir, de travail intelligent.
Pour ce qui me concerne c’est, encore aujourd’hui, un échec.
Hier, j’étais assis sur un rocher, dans mon pré avec mon chien Rebel, à me régaler des ébats des quatre chevaux qui nous enchantent, quand une petite voix me dit:« S’il vous plaît …dessine nous un village ». Qu’ouï-je, qu’entends-je, suis-je éveillé ou dors-je? Saint-Exupéry me joue des tours!
Ahuri je regarde mon chien,putain enfin il parle. « Dessine nous un village »
Non c’est pas Bebel qui parle, il y a là un petit garçon et une petite fille, aux pieds d’un chêne.
« Un village? n’importe lequel, un comme Lablachère? »
« Non un village qu’on aimerait grandir dedans ».
Premier texte d’une série « S-il vous plaît dessine nous un village »
D’ginto.