Pendant que les petits néofascistes sournois des salons et des plateaux TV s’époumonent contre le « trumpisme » tout en le distillant, ils oublient une chose essentielle : ils l’étaient déjà, trumpistes, bien avant que Donald ne grimpe sur le tas de fumier de la démagogie mondiale. Aujourd’hui, ils font mine de découvrir l’autoritarisme avec des trémolos dans la voix, comme s’ils n’avaient jamais flirté avec lui. L’hypocrisie est totale.
Croyez-vous vraiment que Bayrou ait attendu Trump pour faire du centriste néolibéral à œillères ?
Que Wauquiez ait découvert la rhétorique identitaire en regardant Fox News ?
Que François Pinault, loin des podiums, se soit soudainement transformé en parangon de classe capitaliste autoritaire en entendant parler de Mar-a-Lago ?
J’en passe et des meilleurs, la liste est immense.
Non. Ces gens-là étaient prêts. Trump n’est qu’un prétexte, un miroir, un révélateur, et ils s’en donnent a coeur joie, libérés qu’ils sont.
Donald Duck, dit-on, envisagerait de changer de prénom. Il ne veut pas finir éclaboussé par son homonyme .
Le Gotha des tyrans modernes.
Le vrai problème n’est pas Donald Trump. Il n’est qu’un symptôme, une étoile filante toxique, un produit de notre époque malade. Le monde, lui, est déjà plein à craquer de petits ou grands autocrates. Les voici, tous bien installés dans leur fauteuil, souvent avec la bénédiction silencieuse des grandes démocraties. Liste non exhaustive.
Vladimir Poutine — tzar du XXIe siècle, maître de l’annexion et de la répression.
Kim Jong-un — despote héréditaire, roi du nucléaire et du silence.
Alexandre Loukachenko — dictateur vintage, moustache comprise.
Bachar el-Assad — chirurgien devenu bourreau.
Paul Kagame — l’homme fort du Rwanda, aux méthodes douces comme du béton armé.
Recep Tayyip Erdoğan — président à vie en devenir, poète du verrouillage institutionnel.
Mohammed ben Salmane — prince éclairé à la scie à os, réformiste version cauchemar.
Abdel Fattah al-Sissi — militaire en chef de la démocratie en uniforme.
Benyamin Netanyahou — roi d’un pays qui se fracture entre colonisation, ultranationalisme et répression.
Narendra Modi — chantre de l’hindouisme politique, avec un goût marqué pour la polarisation, fervent du jihad de l’amour.
Xi Jinping — empereur algorithmique, contrôleur facial, penseur officiel de la docilité.
Ismaël Haniyeh — chef de Gaza par la peur, opposants bâillonnés au nom du sacré.
Viktor Orbán — autocrate européen en costume cravate, artisan de la “démocratie illibérale”, fossoyeur des contre-pouvoirs.
En passant est-il utile de dire que tous les parrains sont des corrompus et qu’ils s’enrichissent sur le dos des peuples.
Realpolitik ou l’hypocrisie assumée !
Et pendant que ce cirque autoritaire défile, nos dirigeants, chantres du Cirque du Sommeil, les grands démocrates autoproclamés, regardent ailleurs. Mieux : ils sourient, signent des accords, posent pour les caméras, trinquent au progrès. La realpolitik est leur alibi préféré. Elle justifie tout : les deals d’armes, les contrats gaziers, les silences complices.
Une étoile filante, un dernier signal ?
Trump est une catastrophe, oui. Mais aussi, paradoxalement, une chance. Celle de faire le point. De se demander, enfin, si l’on veut encore de ce monde-là. Si les vraies démocraties veulent continuer à s’auto-détruire à force de cynisme, ou s’il est encore temps de construire autre chose. Un vivre-ensemble plus digne, plus humain. Moins lâche.
Mais bon… soyons honnêtes :
Comme disait Berthe Bérurier, c’est pas demain la vieille.
D’ginto